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La CFDT de Rhodia Belle Etoile arc-boutée ?

Troisième semaine de grève unitaire.

dimanche 11 octobre 2009 par CFDT Plateforme Belle Etoile

Depuis le 23 septembre, tous les militants, les adhérents CFDT de Rhodia de la Plateforme industrielle de Belle Etoile participent totalement au conflit qui oppose la Direction locale et les salariés.

Certains cadres ou hauts dirigeants s’étonnent (ou font semblant de s’étonner) de cette participation dure « qui ne correspondrait pas à la culture CFDT ! »

Il n’est pourtant écrit nul part que la CFDT est un Syndicat de béni oui oui...

D’autres le pensent ou l’écrivent à tort et à travers. Laissons les à leurs fantasmes ou croyances.

Nous appartenons a une organisation ouvrière qui défend un dialogue social riche et ouvert. Nous sommes les apôtres du contractuel. Lorsqu’un accord est bon pour le plus grand nombre, nous le signons et nous le défendons, même si parfois il serait plus facile de communiquer en utilisant l’outil démagogique.

Justement, en parlant de démagogie nous sommes dans le sujet.

Notre Direction a utilisé cette méthode depuis plusieurs mois. Manque de chance cette option n’a pas été la bonne et les salariés ont vu le coup de Jarnac [1] qui se préparait.

Nous le rappellerons jamais suffisamment :

La Direction Générale a communiqué sur tous les marchés boursiers depuis quelques mois pour annoncer que jamais le Free Cash Flow n’avait été aussi bon ! Et dans le même temps, dans l’ensemble du Groupe Rhodia, elle impose un plan de suppressions de postes d’ouvriers sans précédent. Pas quelques postes... Non ! Elle a vue grand, environ 10% des effectifs, pourquoi se gêner d’ailleurs ? 34 postes sur 350 salariés.

A Lyon Belle Etoile, les plus importantes suppressions de postes sont prévues dans des ateliers de fabrications où les conditions de travail sont déjà pénibles. Il fait chaud, il fait humide, le travail est physique, les cadences sont rythmées et difficiles, elles s’imposent 24/24 heures et 7/7 jours. Le personnel depuis dix ans a connu de nombre plan de restructuration et a vieilli de dix ans. Il ne comprend pas comment il pourrait abattre toujours autant de travail avec moins de monde et plus d’années sur les épaules.

Ce plan est un comble ! Dans le même temps la pénibilité au travail vient d’exploser au grand jour en France avec les vagues de suicides dans les grands Groupes et particulièrement à France Telecom. Cette semaine, il y avait l’appel de la CSI pour un travail décent et il ne s’agit certainement pas d’un hasard car de partout les conditions de travail se détériorent.

La CFDT n’est pas arc-boutée pour que rien ne change définitivement dans notre travail, ni dans les méthodes de travail.

D’ailleurs à l’annonce de ce plan, nous avons fait nommer en CHSCT une expertise pour déterminer quel serait éventuellement les risques psychosociaux auxquels les salariés restants seraient exposés, si l’organisation de l’entreprise ne changeait pas en conséquence.

Une expertise technique est un travail long et sérieux. La précipitation n’apporte rien. Le temps doit être laissé aux partenaires sociaux afin qu’ils étudient et s’imprègnent des conclusions des experts, qu’ils échangent avec la Direction, qu’ils débattent, qu’ils s’opposent pour enfin qu’ils trouvent ensemble les meilleures solutions pour tous.

C’est à dire :

  • faire évoluer l’entreprise sans pour autant abandonner sur le bord de la route ceux qui devront éventuellement la quitter
  • protéger les salariés qui restent afin de ne pas détériorer les conditions de travail, mais au contraire profiter de ce changement pour les améliorer
  • permettre à l’entreprise de continuer à vivre et se développer.

Au lieu de laisser ce temps de respiration nécessaire à toutes et tous, notre Direction a multiplié les actes belliqueux :

  • Il fallait faire vite vite... Très vite... Comme si entre mai et octobre la situation concernant le polyamide 6.6 était devenue d’un coup si urgente pour Rhodia !
  • Alors que les experts étaient sur le terrain, dans le même temps, les cadres dirigeants envoyaient des signaux d’alertes aux salariés. « Quoi qu’il arrive le plan se déroulerait, coute que coute »
  • Avec les vacances estivales, le cabinet d’expertise IDEFORCE avait besoin d’un peu plus de temps pour rédiger et exposer son rapport dans les meilleures conditions posibles. Non ! Il fallait faire vite vite... Refus catégorique de la Direction pour obtenir un délai supplémentaire d’une semaine... Vite, vite, toujours plus vite...

Depuis le 23 septembre les salariés inquiets pour leur avenir, inquiétés par les comportements incompréhensibles de nos responsables cessent le travail 2h00 à la fin de tous les postes de quart...

Cette situation n’est pas proche de se terminer.

Notre Direction a bien essayé de diviser pour nier le malaise.

  • Diviser les deux Organisations Syndicales CFDT et CGT entre elles.
  • Diviser les catégories professionnelles : Chefs de quart et ouvriers.
  • Diviser les personnels à la journée des personnels postés.
  • Diviser les ateliers en grève les uns des autres...

Pour le moment toutes ces manoeuvres sont un échec cuisant. Elles renforcent la détermination des grévistes. Pour avancer, il serait préférable, que la Direction reconnaisse ses erreurs, accepte la perte financière provoquée par sa trop grande précipitation, accepte de perdre un peu de temps afin d’en gagner beaucoup.

C’est à ces conditions seulement que le dialogue pourra se rétablir doucement entre les différents responsables de secteurs, les salariés, la Direction.

Lorsqu’arrivera ce temps, les Organisations Syndicales pourront de nouveau jouer leur rôle de partenaires sociaux. La CFDT jouera elle alors sa partition de force de proposition, c’est notre culture.

Pour vous convaincre définitivement de nos orientations, nous vous proposons de méditer les paroles de notre secrétaire national François CHEREQUE :

« Le syndicalisme réformiste de la CFDT n’est pas un syndicalisme mou et conciliant, qui se contente d’accompagner les adaptations de la société.

C’est un syndicalisme qui, par la négociation, obtient des choses et est capable de soutenir des réformes. Mais un syndicalisme, aussi, quand des réformes sont mauvaises ou qu’elles ne sont pas construites par le dialogue, est capable de s’opposer jusqu’au bout. Donc, on montre, là, qu’on tient les deux bouts du syndicalisme : la contestation et l’engagement.

Je crois que c’est la force de la CFDT qui se révèle dans ce mouvement-là. »

Notes

[1Le "coup de Jarnac" fait référence à l’inattendue estocade portée au jarret lors du duel qui eut lieu entre Jarnac et La Chategneraie, le 10 juillet 1547, sous le règne d’Henri II

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